Voilà une aventure que Félix et moi parlions depuis quelques années : se rendre à la Baie James. Après s’être rendus à Fermont et au milieu du Labrador en décembre 2010, le seul autre endroit plus au nord et toujours accessible était Radisson et les barrages hydroélectriques. C’est 3 ans plus tard, un peu sur un coup de tête (il faut que ça se fasse ainsi sinon on se trouve 1000 et une raisons d’aller ailleurs) que Félix, Mario et moi prennions la route. Nous avions peu de temps, quelques jours en fait, mais pas de dates de retour de fixées. Aucun motel, il fallait dormir à l’arrache, ce qui a été respecté (pauvre sommeil qui en souffert…). Étrangement, malgré les 3200km, le temps a passé vite et la route a été vraiment agréable!
La route de la baie james est belle, quoique longue (600km avec rien)! Les paysages sont riches, les couleurs sont belles et l’air est frais, ça fait du bien. Notre arrivée à Chisasibi nous a mis un goût bien amer dans la gueule. C’est triste de voir l’état réel d’une communauté amérindienne. C’est sale, c’est pauvre, c’est un ghetto nordique. Je trouve la situation très inquiétante et très invisible dans nos villes du sud. En quittant la réserve, on a continué sur une longue route de terre pour atteindre la baie. C’était beau, calme et si loin de tout que ça compensait pour tout. Une grolsch avec vue sur le Nunavut, c’était réellement le vraie sentiment de se sentir unique sur Terre. Par la suite, nous avons quitté pour rejoindre Radisson, la ville qui est née de la construction des barrages d’hydroquébec. On a installé nos tentes sur un camping de façon illégale et nous nous sommes dirigés au resto (gastronomie hors pair… pita poulet et frites…) et ensuite au bar le Boréal. Joe Dassin dans le jukebox, trois cannettes de Coors light (pas de bière en fût) et la fête était lancée. On a rencontré des locaux et une gang de géologues qui pour la première fois après 3 mois d’isolation dans un chalet dans le bois sortait pour fêter. Le highlight de la soirée après quelques malaises : un cigare et une bière sur la terrasse, on lève la tête et on y voit une aurore boréale (au bar le boréal) ! C’était magique, encore une fois, le sentiment d’être unique au monde.
Le réveil le lendemain s’est fait sous une grosse averse. Félix nageait littéralement dans sa tente. On s’est levé tôt et on est allé mangé au resto pour se faire servir par des locaux qu’on avait rencontré la veille (assez tard) au bar adjacent. Comique tout de même. On a attendu quelques heures puis après nous sommes partis en direction de la centrale Robert Bourassa (anciennement connue sous LG2) pour la visite guidée (gratuite) de 4 heures! C’était LE highlight du voyage. Je ne m’attendais pas à un cour d’histoire, de géologie, d’ingénérie et sur le terrain à ce point. C’est d’une immensité et d’un savoir humain qui me dépasse complètement. Ça vaut les 20 heures de route. Après la visite, c’est le retour sur la route vers le sud, mais on passe par la route du nord (en terre) qu’on nous met en garde puisqu’on a juste une petite chevrolet cavalier. Finalement, c’était joli et tout à fait sécuritaire. Le problème avec le bouclier canadien, c’est que de trouver un endroit plat et sec pour planter sa tente en bordure de route, c’est un défi. On a cherché, on était fatigué et on ne savait plus où mettre la tête. On a fini le stationnement du site des travailleurs d’hydroquébec pour la central Eastman à dormir sur la garnotte… une autre belle aventure… à se faire réveiller par les vents, le froid et quelques chiens qui étaient curieux de savoir qui se trouvait dans le ventre de la tente. On s’est levé, on a bouffé à la cafétéria du relais, on a mis du gas à 1,70$ le litre et on a repris la (magnifique) route vers Chibougamau, puis le lac st-jean et un arrêt à la micro-brasserie La Chouape (délicieuse découverte), puis on a déposé Félix chez son oncle à Donnacona pour revenir à Montréal. Un belle journée de 16 heures de route.
Ça fait du bien de voyager sans se faire d’attentes, sans nécessairement vouloir que ce soit mémorable ou captivant. Juste l’expérience de s’y rendre, à ce moment, avec ces amis en particulier a fait de cette aventure une que j’apprécie et dont je me sens chanceux d’avoir vécu. Parce qu’on se le permet de vivre ainsi. On prend les chemins un peu moins conventionnels et ça nous amène à des moments uniques. Sur la belle carte du Québec, il me reste Natashaquan et Blanc Sablon, à suivre…!