Ma dernière journée en cinéma de fiction remontait à juin 2013. Projet-M voyait le jour à l’hiver 2014.
2015 est passée, 2016 aussi.
Le financement n’est pas arrivé et je commençais à réellement me demander si j’avais tout simplement manqué l’bateau. Si finalement, j’étais voué à regarder les projets du passé avec une éternelle nostalgie pis être un témoin de la réussite des autres. Ça n’allait pas et j’ai sincèrement perdu confiance en moi. Ça peut sembler banal, mais de finir par croire qu’on ne vaut pas grand chose est épouvantablement lourd sur les épaules. L’enfilade de mauvaises décisions m’a amené dans une dépression qui s’est étirée sur plusieurs années. Le genre de situation où on ne sait jamais combien et comment on est malade ni quand on va en sortir.
Début 2017, j’espérais que quelque chose décolle. Juste un projet pour que je puisse me prouver que je suis encore capable. Le feu vert est arrivé pour Écrivain Public. J’ai tout mis pour en faire ce que je pouvais faire de meilleur.
15 jours plus tard, je me rappelle combien je me sens bien sur un plateau à défaire des problèmes, à créer avec des gens talentueux, à essayer de capter le vrai dans le faux, à mélanger la fiction et le documentaire.
Je repense au vrai bingo d’organisé où l’acteur Denis Houle a callé des boules pendant 1h30. Ou au marché Maisonneuve où Angelo Cadet a fait danser 200 personnes pour de vrai, dont Emmanuel Schwartz, Simone Marchand et Johanne Fontaine qui étaient dans la foule. Je repense à ces curieux de la Place Valois qui venaient nous demander où se situait notre Centre Communautaire Central alors que Sandrine Bisson donnait tout pour son personnage de Jojo qui a une déficience intellectuelle. Que le mélange fiction / doc fonctionne à ce point m’a rendu si heureux. J’ai rarement ressenti autant de bonheur dans mon travail qu’à ces moments, surtout que toute l’équipe a embarqué à pieds joints dans la folie.
Ce fût 15 jours de tournage extraordinaires où j’ai eu le privilège d’être entouré de personnes si talentueuses toujours prêtes à vouloir donner un sens à chaque scène.
Merci pour ce privilège, pour la confiance et les sourires.
Pour s’en sortir, faut simplement réussir à se donner un sens.
